Wiki Les Parchemins du Triskélion
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Entre les dérapages...[]

Par Dorguldun gro-Arash

Mon nom est Dorguldun. Les rares à connaitre mon histoire m’ont surnommé avec dérision "le Seigneur des décombres". 

Dans ma montagne, il arrive de donner un surnom aux anciens chefs de guerre pour honorer leur mémoire après leur mort. De porter un tel titre, c'est comme si j'étais déjà mort en fait. Depuis le temps, je me pose encore la question de savoir si j'appartiens bien au monde des vivants. A force de vivre parmi les morts, vous savez, les lignes se brouillent. 

Morgalda la sage avait prédit que mon destin s'écrirait tel un chemin sur une ligne de crête cheminant au milieu des nuages noirs. A la frontière entre notre terre et celle des esprits, qu'elle disait.

Mon histoire commence dans l'ancienne forteresse qu'occupait ma tribu, dans les montagnes du nord, le Fort Arash. Nous vivions isolés du monde. Pas par choix, mais parce que le destin nous y avait fait naître, moi et mes frères. Mes demi-frères, pour être exact.

Nous étions les Fils d'Arash.

Ho, nous aimions cette vie. Honorer nos coutumes et relever les défis, jour après jour, sous le jugement de Malacath.  Arash était un chef de clan très rigoureux. D’ailleurs, s’il avait fondé son propre camp, c’est parce qu'il ne transigeait pas sur son idée d'une tribu orque parfaite. A tous les égards se montrer dignes du Code, telle était son exigence pour lui et les siens. Il nous répétait qu'un grand pouvoir, ce pouvoir colossal qu'il avait acquis jadis, exigeait une discipline de fer pour ne pas sombrer dans la honte et la perversion. Un pouvoir qu'il nous transmettait, afin que le sens de l'honneur qu'il exige soit transmis avec lui. C'est peut-être aussi à cause de ce pouvoir qu'Arash avait choisi cet isolement, plutôt que de suivre le rêve d'Orsinium. 

Nous avions été élevés dans l'attente de lui succéder dignement, lors d'un combat à mort contre lui et nos frères, comme l'exigeait nos traditions. 

La victoire offre longue vie et descendance au meilleur de tous. La défaite et la mort, ou bien la fuite et l'exil, devaient servir le bien de la tribu en écartant les déviants et les inaptes, pour préserver l'excellence du clan.  Telle était notre vérité.

Elle vous paraît peut-être cruelle, comme à ces Elfes cachés dans leurs salons, leurs tours et leurs cités vaniteuses... Mais elle s'impose, car nous, Orques, ne vivons pas dans un monde idéal et mensonger. Quand un Orque cesse de se battre et de relever les défis d'une vie rude et franche, alors il commence lui aussi à s'enfermer dans des chimères et des rêves mensongers. Oui la vérité, étranger, c'est comme un filon de molybdène. C'est quand on croit en voir le bout, quand on s'accorde une pause, fièrement appuyé sur sa pioche, qu'on comprend qu'on est loin du compte. Malacath dans sa grande sagesse me l'a durement appris.

L'isolement, qui devait nous préserver des convoitises et de l'affaiblissement de l'étranger, avait une conséquence simple et fâcheuse sur la tribu : nous comptions très peu de femmes. Une seule fille de notre âge, celle qu'un chef lointain avait en fait condamnée à l'exil chez nous, mais sans se déshonorer. Et elle n'était pas bien vaillante. Et puis, il y avait nos mères... celles qui survivaient dans ce monde hostile, du moins. Celle du vainqueur serait devenue la sage du clan.

Mais nous nous étions déjà condamnés. Lorsque le combat pour le titre de chef fut déclaré, nous n'avions que trop attendu. Que trop respecté les règles. Que trop développé notre maîtrise.

En une nuit, une nuit maudite, le fort fut rasé. Pulvérisé de l'intérieur.

Oui étranger, nous nous sommes réellement entretués...

Au petit matin, il ne restait que des décombres et des cadavres. Et j'en suis le seul survivant.

Je suppose que cela m'a octroyé de plein droit le titre de chef du Fort Arash. Mais, vas-tu me demander : à quoi sert la victoire quand il ne reste personne pour la constater ? A quoi sert le rang de chef quand il ne reste aucune promesse à accomplir ? A quoi sert la loyauté au Code quand elle-même nous trahit ? C'est ainsi que je me suis retrouvé réduit à régner sur des ruines. Ha ha ha, le Seigneur des décombres... 

Cela m'a laissé bien du temps pour méditer sous les nuages noirs, crois-moi, étranger. 

Une partie a dû nous échapper du Code de Malacath. Quelque-chose a dû se gripper dans les rouages de nos traditions. Moi, fils d'Arash, je cherche désormais une nouvelle vision pour le Code, c'est-à-dire une nouvelle vision de la vie. Car vivre par le Code, c’est cela "être un Orque". 

Qu’est-ce qu’être un Orque, me demanderas-tu ? Alors ouvre grands les yeux et sois-en témoin : du haut des décombres, l’Orque se lève. Et il se relève, encore et encore. 

Et il brandit ses armes ! Bravant le monde, pour lui prouver qu'il existe !

Références[]

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